Question

Le calvinisme est-il une hérésie ?

Réponse
Non, le calvinisme n'est pas une hérésie. Cependant, ses doctrines fondamentales, souvent résumées par l'acronyme TULIP, ont suscité des débats dans toutes les traditions chrétiennes. La mesure dans laquelle le calvinisme est considéré comme biblique ou non biblique dépend largement de la perspective théologique dans laquelle il est évalué.

Le calvinisme, qui doit son nom à Jean Calvin, est né pendant la Réforme protestante, une période d'examen théologique intense et de débats fervents. Les accusations d'hérésie fusaient de toutes parts. Catholiques et protestants n'hésitaient pas à pointer du doigt les écarts perçus par les uns et les autres par rapport au christianisme biblique. Le calvinisme, tout comme le luthéranisme et les autres mouvements de la Réforme, était une réponse directe aux erreurs doctrinales et aux pratiques non bibliques de l'Église catholique.

Le calvinisme, qui s'est imposé comme une doctrine théologique centrale, a exercé une profonde influence non seulement dans son pays d'origine, la Suisse, mais aussi aux Pays-Bas, en Écosse et dans certaines parties de la France et de l'Angleterre. Son influence s'est largement répandue, laissant une marque indélébile sur le protestantisme dans divers pays.

Les cinq points du calvinisme, élaborés en réponse à la controverse arminienne au début du XVIIe siècle, constituent le cœur de la sotériologie calviniste :

1. La dépravation totale : Cette doctrine postule que tous les aspects de la nature humaine sont corrompus par le péché, rendant les humains incapables de choisir Dieu ou de faire le bien sans intervention divine.

2. L'élection inconditionnelle : Les calvinistes croient que Dieu a choisi certains individus pour le salut, non pas en fonction d'un mérite ou d'une action prévue de leur part, mais uniquement selon sa volonté.

3. L'expiation limitée : Ce point affirme que le sacrifice expiatoire du Christ a été fait spécifiquement pour les élus, assurant effectivement le salut de ceux que Dieu a choisis.

4. La grâce irrésistible : Selon cette doctrine, la grâce de Dieu, qui amène les individus au salut, ne peut être combattue lorsqu'elle s'étend aux élus.

5. La persévérance des saints : Ce dernier point soutient que ceux que Dieu a élus et sauvés persévéreront dans la foi et ne perdront pas leur salut.

Les calvinistes considèrent leur théologie comme une interprétation fidèle et rigoureuse de la Bible. Certains points précis du calvinisme font l'objet de débats, mais le calvinisme lui-même n'est pas une hérésie. Les doctrines de la grâce, telles qu'articulées dans le calvinisme, soutiennent la souveraineté de Dieu, la dépravation humaine et la nécessité de la grâce divine pour le salut. La souveraineté absolue de Dieu est un thème biblique central dans le calvinisme.

Pour les adeptes de la tradition réformée, le calvinisme représente un ensemble de doctrines et une vision du monde qui éclairent leur compréhension de Dieu, de l'humanité et du cosmos. Les confessions réformées, telles que la Confession de foi de Westminster et la Confession belge, exposent la théologie calviniste de manière détaillée et systématique, en étayant chaque point par l'Ecriture.

La question de l'orthodoxie du calvinisme devient plus complexe lorsqu'on la considère du point de vue des autres traditions chrétiennes. Les différentes dénominations et systèmes théologiques ont des réactions variées face au calvinisme, allant de l'acceptation au rejet pur et simple, accompagné d'accusations d'hérésie.

L'Église catholique romaine et l'Église orthodoxe orientale ont historiquement rejeté des éléments critiques de la doctrine calviniste, en particulier les idées de prédestination et de grâce irrésistible. Lors du Concile de Trente, l'Église catholique a condamné de nombreuses idées associées au protestantisme, y compris certaines qui seraient plus tard identifiées au calvinisme. Le catholicisme met l'accent sur le libre arbitre humain et la coopération avec la grâce divine, ce qui contraste fortement avec les notions calvinistes de prédestination et de dépravation totale.

L'orthodoxie orientale rejette également le calvinisme, en particulier sa conception de la prédestination et du péché originel. La théologie orthodoxe met l'accent sur la coopération entre la grâce divine et le libre arbitre de l'homme dans le processus du salut. Bien qu'aucune des deux traditions ne qualifie explicitement le calvinisme d'"hérésie", comme elles ont historiquement condamné l'arianisme ou le pélagianisme, elles le considèrent toutes deux comme une grave déviation par rapport à l'enseignement chrétien orthodoxe.

Le contrepoint théologique le plus important au calvinisme est l'arminianisme, nommé d'après le théologien hollandais Jacobus Arminius. Les arminiens rejettent les doctrines calvinistes de l'élection inconditionnelle et de l'expiation limitée, et défendent au contraire une conception du salut qui inclut le libre arbitre de l'homme et la possibilité pour tous d'être sauvés.

Les arminiens considèrent souvent certains aspects du calvinisme comme incompatibles avec le caractère de Dieu, en particulier l'idée que Dieu prédestine certains individus au salut sans tenir compte de leurs choix. Certains arminiens peuvent qualifier le calvinisme d'"hérésie" en raison de ce qu'ils considèrent comme une distorsion de la nature de l'amour et de la justice de Dieu.

Le calvinisme est une interprétation légitime et fidèle du christianisme biblique. Il existe d'autres perspectives sur le processus du salut et l'ordo salutis, mais le système connu sous le nom de calvinisme n'est pas une hérésie.